Roger Salengro (1890-1936)
L'histoire de
Roger
Salengro, homme politique français, ministre de l'Intérieur du premier
gouvernement du Front Populaire, dont le suicide, à la suite d'une campagne
de presse calomnieuse, illustre la violence du climat politique dans les
années qui ont précédé la seconde guerre mondiale.
Rappelons que
la crise de Wall Street (1929) a engendré des faillites d'entreprises
et la montée du chômage un peu partout en Europe. Les luttes sociales
s'intensifient, avec des grèves et des manifestations. Les socialistes
sont divisés en réformistes et en révolutionnaires, mais l'union de la
gauche va se réaliser en France avec le Front populaire et c'est dans
ce climat de tension extrême qu'elle remporte la victoire en 1936. Les
radicaux de droite se sont illustrés par des scandales financiers et des
affaires d'escroqueries aboutissant à des émeutes à Paris en 1934. C'est
une période de tension extrême avec l'arrivée du nazisme en Allemagne,
et le début de la guerre civile en Espagne après le coup d'Etat franquiste
(1936).
Né
à Dunkerque, Roger Salengro s'inscrit au Parti socialiste à 19 ans et
milite à la Section
française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Il devient conseiller municipal
de Lille en 1919, puis maire de la ville en 1925. Il est élu député socialiste
du Nord en 1928. Le 6 juin 1936, il est appelé au ministère de l'Intérieur
par Léon Blum lors de la formation du gouvernement du Front Populaire.
Il parvient, dans un contexte délicat marqué par la vague de grèves qui
s'étend depuis le mois de mai, à encourager le dialogue tout en faisant
respecter l'ordre, et participe aux réunions qui conduisent à la signature
des «Accords Matignon». Les congés payés et la semaine de
40 heures datent de 1936. Avec une augmentation des salaires à la clé,
les Français vont alors avoir 15 jours de congés payés : Les vacances
de l'été 36 on été fêtées avec
joie.
En 1936, Salengro
est donc ministre de l'Intérieur du Front Populaire, au grand dam de l'opposition,
qui mène contre lui d'abjectes campagnes de diffamation dans la presse
d'extrême droite.
Alors que les attaques se multiplient contre Léon Blum, avec la participation
de la Cagoule à la campagne calomnieuse, Roger Salengro
est lui-même pris pour cible par divers journaux d'extrême droite, dont
Gringoire et l'Action française, qui propagent la rumeur selon
laquelle il aurait déserté pendant la Première Guerre mondiale, alors
qu'il était au front.
Bien qu'un jury d'anciens combattants ait établi qu'il avait été fait
prisonnier alors qu'il tentait, avec l'accord du commandement, d'aller
chercher le corps de l'un de ses camarades au-delà des lignes allemandes
et non de déserter, bien qu'il ait été acquitté par le conseil de guerre
devant lequel il avait été traduit par la suite, et malgré le vote à la
Chambre des députés d'une motion infirmant les accusations le visant,
il se suicide le 17 novembre 1936.
Quelques mois
plus tard, l'affaire Salengro inspirait une modification de la loi sur
la presse, aggravant les peines frappant la diffamation. Malheureusement,
la loi est souvent impuissante à faire respecter le droit et le justice.
Il manque les moyens pour la faire appliquer.
Pierre Bérégovoy a-t-il été suicidé ?
En 1993, Pierre
Bérégovoy, premier ministre socialiste sous le second mandat de Mitterrand,
se serait suicidé lui aussi à cause des attaques diffamatoires relayées
dans les médias. L'affaire fut classée trop vite, vu les circonstances
et maintenant que l'on connait certains témoignages troublants
et certains faits autour de sa mort... il s'agirait plutôt d'un
assassinat politique.
Note. La Cagoule est un mouvement d'extrême
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