Édouard VAILLANT (1840-1915)
Il fut la tête pensante de la Commune,
un combattant politique de la cause sociale,
un parlementaire accompli, sérieux et travailleur,
un défenseur du peuple et un militant pacifiste.
Né
à Vierzon le 29 janvier 1840 dans une famille bourgeoise, Édouard
Vaillant vécut à Paris, fit ses études supérieures
à l’École Centrale et en sortit ingénieur des
Arts et Manufactures en 1862. Il compléta sa formation scientifique
pendant quatre ans à la Sorbonne, au Collège de France et
au Muséum d’Histoire Naturelle tout en s'intéressant
à la politique. Docteur en sciences en 1865, il partit en 1866
pour l’Allemagne pour parfaire ses études médicales.
Pendant son séjour en Allemagne, il adhéra à la section
genevoise de l’Association Internationale des Travailleurs (la première
Internationale, origine du syndicalisme). Il fréquente également
lors de ses séjours à Paris des adversaires politiques de
Napoléon III. Son premier ouvrage politique sera pour crier son
opposition à l'intervention napoléonienne en Italie et pour
dénoncer la politique sociale de l'Empire et vigoureux plaidoyer
pour un socialisme républicain. Quand éclata
la guerre franco-prussienne, il abandonna ses études et rentra
à Paris pour participer aux actions insurrectionnelles du 4 septembre
1870 (proclamation de la IIIe République) et du 22 janvier
1871. Le 6 janvier 1871, il était l’un des signataires de
l’Affiche Rouge (proclamation au peuple de Paris pour dénoncer
la trahison du gouvernement). Mêlé étroitement aux
événements révolutionnaires, il est élu à
l’assemblée communale du 8e arrondissement le 20 mars 1871.
Nommé à la commission exécutive le 29 mars de la
même année, il est ensuite délégué à
l’Instruction publique (au bureau du ministère, rue de Grenelle).
Edouard Vaillant fut en effet un acteur important de la Commune de Paris.
Sa personnalité, sa culture, pesaient dans les décisions
des assemblées dans lesquelles il siégeait. Il inspira ainsi
quelques grandes décisions, notamment la gratuité et la
laïcité dans les écoles.
Après la
défaite de Sedan, les Parisiens refusèrent de rendre leurs
armes et se soulevèrent, mais subirent la répression du
siècle : environ 30 000 communards furent massacrés au cours
de la «semaine sanglante» de mai 1971. Edouard Vaillant participa
aux dernières actions, mais fuyant vers l'Espagne, il dut se cacher
pendant deux jours avant de regagner Londres. Le 17 juillet 1872, le troisième
conseil de guerre le condamna à mort par contumace. Mais, en réalité,
l’exil lui coûtait moins qu’à ses camarades car
il retrouvait le foyer de sa mère et fréquentait les milieux
scientifiques londoniens. Ses relations avec Marx commencèrent
en l’année 1871. Dès lors, ils eurent beaucoup d’affinités
; formation, culture, expériences politiques. Ils devinrent vite
très liés, si bien que le 8 août 1871, Marx le fit
rentrer au Conseil Général de l’Internationale. Vaillant
adhérait en effet aux principales idées de son ami, comme
notamment pour la constitution du prolétariat en parti politique.
Au congrès
de l’Internationale, Vaillant vota contre le transfert de celle-ci
aux États-Unis, de sorte qu’il s’en retira et cessa
pratiquement toute relation avec Marx. Il fit alors figure de chef de
file des Blanquistes. Il rédigea le manifeste «A propos du
Congrès de La Haye» daté du 15 septembre 1872. Il
fut également le principal auteur du texte communiste, révolutionnaire
et athée « Aux Communeux » (juin 1874).
Amnistié
en juillet 1880, il rentra en France et réintégra le mouvement
socialiste. Il milita alors beaucoup dans le Cher, notamment à
Vierzon et Bourges, avec des succès plus francs pour la première
ville, les ouvriers vierzonnais étant beaucoup plus motivés.
D’autre
part, Vaillant occupait une place de plus en plus importante dans le mouvement
blanquiste, surtout depuis la mort de Blanqui, le 1er janvier
1881. Cette date marqua la création du Comité révolutionnaire
central, qui se transforma le 1er juillet 1898 en parti socialiste
révolutionnaire (le parti de Vaillant).
Élu conseiller
municipal de Vierzon et du XXe arrondissement à Paris le 11 mai
1884, Vaillant opta pour Paris. La même année il fut élu
député et abandonna dès lors son mandat municipal.
Au Parlement, il défendit les libertés communales et les
droits du peuple. Il fut un parlementaire accompli et remarqué
pour son sérieux, (rien à voir avec l'anarchiste Auguste
Vaillant qui posa une bombe à la Chambre des députés
en 1893).
Edouard Vaillant
soutint à l’assemblée beaucoup de projets socialistes
dont il fut souvent le précurseur : la journée de 8 heures
en janvier 1906 et en mars 1912, le projet de loi de 1910 concernant la
création des retraites ouvrières, l’amélioration
des prestations par l’augmentation des versements de l’État,
la gestion ouvrière, l’extension de l’assurance à
l’invalidité, au chômage et la maladie. Il proposa
d’autre part la création d’un Ministère du Travail,
de l’hygiène et de l’Assistance publique au cours des
années 1894, 1898 et 1903.
Opposé à
Ferry et à ses ambitions présidentielles, il organisa en
1887 la Ligue pour la Défense de la République.
Après le troisième Congrès de Lyon le 26-28 mai 1901,
le Parti Socialiste Révolutionnaire et le Parti Ouvrier Français
fusionnèrent en un Parti Socialiste de France (SFIO) dont Vaillant
et Guesde furent les leaders.
Jusqu’en 1914, Vaillant tenta de préserver la paix, comme
son ami Jean Jaurès. Il prônait une «politique pacifique
et uniquement défensive» qu’il voulut faire adopter
par la SFIO. Cependant, frappé au cœur par l'assassinat de
Jean Jaurès en août 1914, il se rallia à l’Union
Sacrée, ses sentiments patriotiques s’éveillant devant
l’invasion de la France. Edouard Vaillant ne survécut pas
très longtemps à l'épreuve terrible de la guerre.
Épuisé par un travail ininterrompu de 50 ans de militantisme,
il s'éteint doucement dans la nuit du 18 Décembre 1915,
à l'âge de 75 ans.
Paris lui fit des
obsèques dignes d'un homme dont la vie tout entière avait
été consacrée à la cause de la classe ouvrière.
Page précédente |