ANTIMILITARISME, PACIFISME, NON-VIOLENCE
chez MONTESQUIEU, MAUPASSANT, Victor HUGO, Anatole FRANCE
«La France périra à cause des militaires. Une maladie
s'est répandue en Europe. Elle a contaminé les monarques
et les contraint d'entretenir des armées considérables.
Ce mal est exanthématique et partant, contagieux. En effet, dès
qu'un Etat augmente le nombre de ses soldats, tous les autres, immédiatement,
en font autant. Et la ruine générale en résulte.
Lorsqu'un gouvernement enrôle un nombre démesuré
de soldats, l'extermination menace son peuple. On appelle paix cet état
de surtension générale. Celle-ci met l'Europe dans un
tel état de misère que si les hommes se trouvaient dans
la même situation que leurs gouvernements, les plus riches d'entre
eux n'auraient pas de quoi vivre. Nous sommes pauvres, bien que possédant
les richesses et le commerce du monde entier.»
Montesquieu écrivait
ces lignes il y a presque deux cent cinquante ans. Cela ressemble vraiment
à ce qui s'est passé. Trois guerres se sont succédées
en Europe, et la ruine qui s'en est suivi est à l'origine de la
crise en Europe.
L'écrivain Maupassant contemplait de son yacht les exercices
et le tir des soldats français.
Voici, à ce
sujet, l'expression de ses pensées :
«La guerre ! Dès que ce mot me vient à l'esprit, un sentiment
de terreur et d'hébétement me saisit. Il me semble qu'il
s'agit de maléfice, d'inquisition. C'est comme si l'on me parlait
de quelque chose de très lointain, de définitivement disparu,
de répugnant, de monstrueux, de contre-nature.
Quand on nous parle de cannibales, nous sourions avec fierté,
car nous nous sentons supérieurs à ces sauvages.
Mais qui sont les sauvages ? Où se trouvent les vrais sauvages ?
Ceux qui tuent pour manger les vaincus, ou ceux qui tuent uniquement
pour tuer ?
Je vois, dans cette clairière, des chasseurs courir et
tirer. Ils obéissent à des ordres. Tous ils sont
prédestinés à être tués - tel
un troupeau de moutons que le boucher fait galoper sur la route.
La guerre ! se battre ! s'égorger ! assassiner des êtres
humains ! A notre époque, avec notre culture, notre science,
notre philosophie, il existe une administration avec des écoles
spéciales où l'on apprend à assassiner, à
tuer de loin, avec perfection. On tue beaucoup d'hommes à
la fois, des êtres malheureux et pitoyables, coupables de
rien, soutiens de famille. On les tue sans aucun jugement. Et
la chose stupéfiante est que le peuple ne se soulève
pas contre les gouvernements, qu'ils soient monarchiques ou républicains.
La chose la plus surprenante est que la société
entière ne se révolte pas au seul mot de guerre !
Vaine colère que l'indignation d'un poète, poursuit Maupassant.
La guerre est respectée, admirée plus que jamais. Un merveilleux
artiste sur ce plan, un assassin de génie, Monsieur Von Moltke,
répondit, un jour, par ces paroles terribles, à des délégués
de la Société de la Paix : « La guerre est sainte
et d'institution divine. La guerre est une des lois sacrées du
monde. Elle nourrit chez les êtres les sentiments les plus élevés,
les plus nobles: l'honneur, le désintéressement, la vertu,
la bravoure. C'est grâce à la guerre que les hommes ne
tombent pas dans le matérialisme le plus grossier.»
« Les guerres ont toutes sortes de prétextes mais n'ont
qu'une seule cause : l'armée.
Otez l'armée et vous ôtez la guerre ! »
(VICTOR HUGO, Congrès de la Paix, 1869)
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels.»
(Anatole France)
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